Recherche mixte : "carrières" tabagiques des jeunes dans deux types d'institutions de santé mentale
Yana ZDRAVKOVA1, Sébastien SAETTA 2, Thomas REMEN3, Norbert AMSELLEM4, Alain LEPLEGE 1,5
1Plateforme de Recherche sur la Santé Mentale et le Handicap Psychique (PRSM-HP), Paris, France
2Ecole Nationale des Solidarités, de l'Encadrement et de l'Intervention Sociale (ENSEIS), Lyon, France
3Scientigo, Eulmont , France
4Centre de recherche en Epidémiologie et Santé des Populations, Villejuif , France
5Université Sorbonne Paris Cité, Paris , France
Introduction : Parmi les facteurs expliquant l’importante consommation de tabac chez les personnes avec un trouble psychique figure une initiation précoce en institution. On note l’absence de travaux en France sur les processus d’entrée dans le tabagisme de cette population. Cette communication, qui croise sociologie et épidémiologie, porte sur les déterminants sociaux, contextuels et biographiques de la consommation de tabac chez les adolescents et jeunes adultes (AJA) en institutions de santé mentale.
Méthode : Dans un souci de triangulation et de comparaison, une méthode mixte (questionnaires et entretiens avec des AJA) a été utilisée dans 7 centres : 3 cliniques en Ile-de-France (IDF) et 2 cliniques en province, 2 Dispositifs Intégrés Thérapeutiques Educatifs et Pédagogiques (DITEP) en IDF.
Résultats : L’analyse des 6 entretiens avec les AJA identifie quatre phases de la « carrière » tabagique : expérimentation, poursuite, renforcement et installation de la pratique. Dans une analyse dialectique avec le volet quantitatif (143 questionnaires) ces étapes sont reliées avec les facteurs associés : socio-démographiques, environnementaux (groupes de pairs, famille, type d’institution, gradation des soins). Si les contextes de l’expérimentation et de la poursuite apparaissent similaires aux AJA en population générale, les institutions de santé mentale favorisent le renforcement et l’installation de la consommation, en lien avec les effets « totalisants » de l’institution (organisation de vie quotidienne). Des différences entre les deux populations (clinique et DITEP) sont à noter : différence des contextes et les âges d’expérimentation et de l’intensité de la consommation.
Discussion : Du fait des difficultés que rencontrent actuellement les institutions en santé mentale (restructuration, difficultés de recrutement), les effectifs de l’étude restent faibles, les résultats doivent être validés par une étude visant la représentativité. Cette étude pourra comprendre un volet interventionnel centré sur les articulations entre politique institutionnelle et organisation de la vie quotidienne.