Introduction : La féminisation des migrations suscite de nouveaux enjeux liés au genre. En raison de leur histoire marquée par des violences sexuelles (VS), les femmes demandeuses d'asile (DA) se trouvent vulnérables dans leur nouvel environnement 4.8% ont subi un viol au cours des douze derniers mois de vie en France. L'accès aux soins primaires est donc crucial pour leur santé physique et mentale.
Méthode : Une étude est actuellement conduite en interrogeant des femmes (DA) ou déboutées de la demande d'asile (DDA), ayant subi des VS en France ou avant leur arrivée. Ces femmes sont prises en soins au sein d'une maison de santé participative à Marseille, grâce à un protocole de soins pluriprofessionnel. L'approche privilégiée pour cette analyse est une méthodologie phénoménologique interprétative, visant à explorer de manière approfondie les expériences subjectives liées à la prise en charge médicale.
Résultats : Les premiers résultats, basés sur l’analyse des huit premiers entretiens (environ 15 entretiens sont prévus d’ici mars 2024) mettent en lumière la maison de santé comme un environnement familier offrant une prise en charge pluriprofessionnelle. Le suivi régulier par le médecin généraliste établit une relation de confiance permettant l'émergence d'un espace de parole favorisant la verbalisation des VS et la prise en soin des syndromes post-traumatiques. En revanche, l'absence de suivi et de familiarité avec les spécialistes érige pour certaines femmes une barrière psychologique à l'accès aux soins gynécologiques et psychologiques et complexifie alors l'expression des violences vécues. L'accompagnement personnalisé se relève être un levier d’empowerment en matière de santé chez les femmes.
Discussion : Les entretiens préliminaires mettent en évidence l'importance d'un suivi continu en soins primaires, offrant une accessibilité aux femmes DA/DDA. Il est cependant nécessaire que les professionnels demeurent attentifs aux enjeux de précarité et aux conséquences psychosomatiques des VS liées à la migration.